samedi 2 août 2014

La place Saint-Germain martyrisée par les bombardements de 1944

Après les bombardements, la Place Saint-Germain relève le défi de sa reconstruction


Les destructions ont permis de modifier profondément le visage de la place, qui est devenue celle d'aujourd'hui...


On se souvient à peine de la situation de la Place Saint-Germain après la guerre. La moitié du quartier est en ruine, les habitants vivent parmi les décombres, les habitations sont pour la plupart vacillantes après le souffle destructeur des bombes tombées là... La Place est touchée dans sa chair...

Pourtant, il faut bien vivre, et les initiatives se multiplient pour redonner à la Place, à la ville, une vie qui ne demande qu'à être "normale". Nous sommes en 1948...


La Place Saint-Germain après les bombardement du 8 Juin 1944... Les immeubles devant l'Église ont disparu...
La Place Saint-Germain après les bombardement du 8 Juin 1944... Les immeubles devant l'Église ont disparu...



1948
La place tente d'effacer les stigmates de la guerre



Article extrait de Ouest-France du 23 juin 1948



POUR LA RÉFECTION DE L'ÉGLISE ST-GERMAIN

Article extrait de l'Ouest-Éclair du 10 juin 1944 - Edition locale - Les bombardement anglo-américains sur Rennes Une grande et intéressante kermesse se déroulera les 2, 3 et 4 juillet prochains dans les locaux de la rue St-Georges

L'église Saint-Germain de Rennes est assurément l'un des joyaux artistiques de notre ville. Hélas ! elle a beaucoup souffert des bombardements et, après avoir été fermée au culte pendant de longs mois, elle vient, enfin, de rouvrir ses portes pour accueillir les fidèles de la paroisse ainsi que ses nombreux amis.

Classée "monument historique", l'église Saint-Germain appartient à tous les Rennais… C'est pourquoi M. le chanoine Lamoureux, le dévoué curé de la paroisse, ainsi que ses vicaires, MM. les abbés Girard et Chevrier, et M. l'abbé Vigour, maître de chapelle, n'ont pas hésité faire appel à toute la population rennaise pour lui demander de les aider à réparer leur église, ces réparations étant effectuées sous la direction de M. Cornon, architecte en chef des Beaux-Arts, qui s'attache à redonner à la vieille église son cachet des premiers temps.

Les travaux de réfections avancent rapidement… mais ils coûtent cher. C'est la raison de la kermesse du 2, 3, 4 juillet. Les visiteurs de cette kermesse sont assurés du reste de réaliser de très bonnes affaires. Car les comptoirs seront nombreux et fort bien garnis et les attractions retenues seront de qualité.

Nous auront l'occasion de revenir sur le programme de ces trois journées qui ne manqueront pas d'attirer dans les accueillantes salles et dans le jardin du presbytère de St-Germain, 15, rue St-Georges, une foule des plus nombreuses.

RETENEZ BIEN CES DATES : 2, 3 ET 4 JUILLET, ET CE BUT :
KERMESSE DE ST-GERMAIN AU PRESBYTERE DE LA PAROISSE, 15, RUE ST-GEORGES

© Service des archives de Ouest-France



Article extrait du Ouest-France du 26-27 juin 1948

Photo de l'église Saint-Germain en feu prise le matin du 9 juin 1944 par Georges Bourges
Photo prise le matin du 9 juin 1944 par Georges Bourges

POUR LA RESTAURATION DE L'ÉGLISE

Article extrait de l'Ouest-Éclair du 10 juin 1944 - Edition locale - Les bombardement anglo-américains sur Rennes St-Germain organise les 2, 3 et 4 juillet une grande et intéressante kermesse

Au matin du 9 juin 1944, le quartier Saint-Germain apparaissait sous l'aspect que révèle la photographie que nous publions ci-dessus, et qui fut prise à l'insu des Allemands qui étaient encore à Rennes et qui interdisaient de photographier, par notre actuel chef des Services Photographiques M. Georges Bourges. L'incendie allumé par les bombes fait rage. L'église est toujours debout. Mais on ce rend compte à la vue des ruines qui s'accumulent alentour qu'elle n'a pu sortir indemne de cette nuit tragique.

Rares sont les Rennais qui n'ont pas visité l'église Saint-Germain depuis que les travaux de restauration sont commencés et tous sont restés extasiés et surpris sur l'ampleur des travaux entrepris.

En effet, sous la haute et habile direction de M. Cornon, architecte des Monuments Historiques, un chantier imposant s'y est ouvert et les travaux, menés de main de maître, sont actuellement très avancés. Une forêt de madriers savamment disposée a permis d'effectuer la réfection totale de la voûte sans que le culte paroissial n'en souffre trop et d'ici quelques semaines, c'est un bijou que M. le chanoine Lamoureux recevra des mains de M. Cornon.

Mais tous ces travaux, toutes ces transformations, tout ce rajeunissement coûtent fort cher et la petite paroisse de St-Germain courbe l'échine sous les charges écrasantes d'un budget très lourd.

C'est pourquoi, confiante quand même, elle fait appel à tous les Rennais pour qu'ils viennent nombreux à la grande kermesse organisée dans les locaux du presbytère de Saint-Germain, 15, rue St-Georges, les 2, 3 et 4 juillet prochains.

Tout en faisant une excellente affaire aux comptoirs bien garnis qui s'offriront à eux, les Rennais contribueront aussi à une bonne et grande œuvre et aideront à faire de l'église Saint-Germain le joyau de la ville de Rennes.

Retenez bien ces dates : 2, 3 et 4 juillet et d'avance merci.

© Service des archives de Ouest-France

1949
Après guerre, une reconstruction qui tarde...



Article extrait de Ouest-France du 17 février 1949 annonçant la démolition de la maison à l'angle de la Place Saint-Germain et de la rue des Francs-Bourgeois

Encore une maison qui menace ruines… et seize personnes vont se trouver sur la rue


La maison condamnée, à l'angle de la Place Saint-Germain et de la rue des Francs-Bourgeois
Encore une maison condamnée… Encore tout un groupe de personnes qui va être obligé d'abandonner leur foyer et qui, du jour au lendemain, vont se trouver sans abri.
C'est, à l'angle à l'angle de la Place Saint-Germain et de la rue des Francs-Bourgeois, une bâtisse qui, évidemment, n'apparaît pas d'une extrême jeunesse. Pourtant, en dépit de l'incurvation de la façade - notamment sur la rue des Francs-Bourgeois - on pouvait penser que cette maison demeurait habitable. Hélas ! Les techniciens viennent de se prononcer. Et M. Lemoine, architecte de la ville que nous avons rencontré sur un chantier voisin nous parlait lui-même en ces termes :

"Appelé à donner mon avis sur cette maison, j'ai été dans l'obligation de la condamner. L'une des deux cheminées qui traversent l'immeuble est toute fissurée et menace de s'écrouler en entraînant charpente et mur. Peut-être cette maison sera-t-elle encore debout dans six mois. Mais il se pourrait qu'elle s'écroule demain… Il était donc de mon devoir de signaler le danger…"

Bien sûr, les habitants comprennent la position de l'architecte. Mais, ce qu'ils comprennent moins, c'est le court délai qui leur est donné pour déménager. Chacun d'eux, en effet, a reçu une sommation par huissier d'avoir à vider les lieux dans les quarante-huit heures. Surtout que, pas plus à la Mairie qu'à la Préfecture, on n'a pu leur indiquer un abri. Pour ces nouveaux sinistrés, la situation est d'autant plus grave qu'il s'agit de trois petits commerçants - un débit, une épicerie et une horlogerie - qui, l'immeuble devant être abattu, vont perdre la valeur de leur fonds de commerce.

Nous l'avons dit déjà : le problème du relogement est devenu d'une tragique actualité. Car la maison de la place Saint-Germain n'est malheureusement pas un cas unique. Nous en avons signal de nombreux et M. Lemoine nous rappelait celui de la rue Saint-Georges où, chaque jour, des habitants qui non pas voulu partir, parce qu'ils n'ont pas d'autre abri, risque d'être écrasés sous les débris d'une maison qui s'affaissent un peu plus à mesure que s'écoulent les heures.

Souhaitons ardemment que des abris aient pu être trouvé pour tous ces "sinistrés" avant d'avoir à enregistrer une catastrophe.
© Collection particulière, Droits Réservés



Photographie aérienne du quartier Saint-Germain réalisée en mai 1949
Photographie aérienne du quartier Saint-Germain réalisée en mai 1949

La reconstruction se fait attendre comme on peut le voir sur cette photo aérienne publiée dans l'édition du Ouest-France du 7-8 mai 1949. La même année, une souscription est lancée pour la réparation de l'église Saint-Germain durement touchée. Il faudra attendre encore plusieurs années pour voir de nouveaux immeubles sortir de terre.

Tout cela est bien loin maintenant...

Il n'en reste pas moins quelques souvenirs...


1953
Une nouvelle Place Saint-Germain



Le quartier Saint-Germain est enfin reconstruit à partir de 1953. L'importance croissante de l'automobile pousse la municipalité à opter pour la création d'une place publique dédiée au stationnement.

Des immeubles de logement avec commerces au rez-de-chaussée la bordent à l'est. Le nouvel aménagement respecte le plan d'alignement décidé en 1840.

Le plan de réaménagement de la Place Saint-Germain de 1953 - © Archives de Rennes - Cote 1937W33

Et nous y sommes encore...




Merci à la SEMTCAR, Rennes Métropole, Ouest-France et le Wiki-Rennes pour avoir collecté et synthétisé toutes ces informations que vous pouvez retrouver en grande partie sur les panneaux d'informations placés sur les palissades du chantier de la Place Saint-Germain.


Plus d'infos :
Les bombardements du 8 et 9 juin 1944 sur Rennes sur WikiRennes
Histoire de Rennes - Les bombardements de 1944 sur Wikipedia
« Le bombardement du 8 mars 1943 sur Rennes... » - Podcast d'Ici Rennes (Novembre 2020)
La libération de Rennes sur le site Liberty Ship
Vichy et le bombardement de Rennes par Erwan LE GALL
Les archives de l'INA : Les funérailles officielles après le bombardement...

Articles connexes :
Les bombardements de 1944 sur la place Saint-Germain...
Une bombe place Saint-Germain ! (Avril 2013)
Une autre bombe place Saint-Germain ! (Octobre 2014)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire