Quand les choses les plus ordinaires deviennent extraordinaires !
Découvrez les étonnants vestiges du passé de la Place Saint-Germain dévoilés pour l'exposition « Les vies d'une ville » aux Champs Libres de Rennes
L'affiche officielle de l'exposition « Les vies d'une ville » aux Champs Libres de Rennes |
Du 20 octobre 2018 au 25 août 2019, avec « Les vies d'une ville », la nouvelle exposition du Musée de Bretagne aux Champs Libres, venez explorer les découvertes archéologiques et les transformations de Rennes, de l'Antiquité à nos jours... Une exposition remarquable qui vous permettra de mieux connaître l'histoire de la capitale bretonne à travers la mise en scène des grands vestiges archéologiques comme ceux de la civita gallo-romaine de Condate mais aussi des objets parfois moins prestigieux mais tout aussi intéressants comme ceux de la vie quotidienne des habitants à travers les siècles... Issue du regroupement des archives de la ville de Rennes, du département et du fonds du Musée de Bretagne, certaines pièces anciennes sont présentées ici pour la première fois grâce aussi au travail de l'Inrap qui a pu explorer le sous-sol de la ville via les fouilles préventives avant la construction de la ligne b du métro, et notamment pour celles effectuées Place Saint-Germain, et qui ont permis de mieux connaître l'histoire et la physionomie de Rennes à travers les âges depuis sa fondation.
On le savait déjà, les fouilles préventives de l'Inrap entre 2014 et 2015 sur la place Saint-Germain ont été fructueuses... Elles ont révélées toute une part encore insoupçonnée et très riche de l'histoire de notre quartier et de la ville ancienne de Rennes. C'est enfin le moment de découvrir les pièces les plus remarquables découvertes là, aujourd'hui analysées, restaurées et donc présentées aux Champs Libres de Rennes...
Le timelapse des fouilles sur la Place Saint-Germain entre novembre 2014 et février 2015...
6 mois de fouilles en 2 minutes ! (Voir sur YouTube...)
6 mois de fouilles en 2 minutes ! (Voir sur YouTube...)
L'exposition retrace toute l'histoire de Rennes depuis l'époque de la Conquête romaine jusqu'à nos jours... Je ne parlerai ici que de ce qui concerne les découvertes faites sur le Place Saint-Germain et les différents vestiges (objets, cartes, documents...) s'y rapportant exposés et explicités avec beaucoup de talents... C'est lors des fouilles de l'Inrap de 2014-15 que le passé de la place a pu être en grande partie être révélé sous nos yeux ébahis !
La période médiévale
La ville de Rennes avant la Moyen Âge n'occupait qu'une toute petite surface (après la fin de l'époque gallo-romaine, vers 450 ap. J.C., la cité s'étendait en gros de la Cathédrale actuelle à la Place de la Mairie) et la Place Saint-Germain est longtemps demeurée une zone de prairies et de cultures. Il faudra attendre le tournant de l'an 1000 pour voir les première traces d'urbanisation et notamment le long des méandres de la Vilaine qui traversait toute la place actuelle.
Resituons tout cela sur un plan de Rennes...
Plan de la ville de Rennes en 1616 réalisé par Bertrand d'Argentré - (Original ici...) |
« Bertrand d'Argentré, Président au Parlement, fait paraître en 1616, dans Histoire de Bretagne, un plan considéré comme le premier de Rennes, symbolisant l'implantation du Parlement et le début de la construction du palais (le palais du parlement de Bretagne).
Cette semi-perspective est un témoignage précieux de l'organisation de la ville au début du 17e siècle, avec un héritage médiéval encore marqué, mettant en avant les fortifications, les cours d'eau, le détail du parcellaire avec ses maisons, ruelles et puits. »
Dans la section « CHAUSSURES ET COURROIES »
Là, on revient en arrière, lors d'un voyage immobile, et faisons un saut de mille ans en arrière (1000 ans !)... à une époque où rien de ce qui correspond à notre monde actuel n'existait... si ce n'est...
Je commence par l'objet le plus trivial, le plus ordinaire qui soit et qui pourtant est celui qui me touche le plus aussi bien par son aspect si anodin que par son importance dans le paysage culturel et économique de la Place Saint-Germain au début du début du 15e siècle : Un simple seau en bois...
Boisseau ou mesure à grains (Bois de chêne, début du 15e siècle) |
Le boisseau in-situ et en cours de dégagement sur le site de fouille Place Saint-Germain en 2015 © Sandrine Lalain, Inrap |
« Un boisseau presque intact a été retrouvé au fond d'un puits de la Place Saint-Germain. Cette mesure à grains a été réemployée comme seau à puiser. Elle a été réalisée à partir d'une planche de chêne enroulée par étuvage et maintenue par deux cerclage pour former le corps de l'objet. Un disque de bois scelle le fond et une lame de chêne sert d'anse. »
Là, on peut voir un des deux puits en cours de dégagement (et comme on peut le constater, dans des conditions difficiles !). On reconnaît, en haut, les douelles partiellement détruites du tonneau supérieur et, en dessous, les cercles de noisetier qui maintenaient les éléments du tonneau inférieur. Une mesure à grains utilisée comme seau était posée sur les dalles formant le fond du puits. Et l'on pense au pauvre hère qui avait mal attaché son seau et qui le laissa là, pour l'éternité...
Et les infos complémentaires concernant cet ustensiles sur le site de l'Inrap :
« Cette mesure à grains (contenance : environ 12 L) est composée d'une fine planche de chêne cintrée et cloutée. Une seconde pièce la renforce au milieu de sa hauteur ; une troisième constitue une anse très large, clouée sur la cuve.
L'environnement très humide dans lequel s'est déroulée la fouille de la place Saint-Germain a permis la conservation exceptionnelle de matériaux organiques comme le bois et le cuir. Celle-ci apporte de nombreux éléments inédits sur la vie quotidienne au Moyen Âge.
Ainsi, de très nombreux déchets de cuir attestent la fabrication de chaussures à Rennes dès le XIe siècle. Les modèles produits diffèrent peu des exemplaires connus ailleurs en Europe, mais montrent des détails de fabrication propres aux artisans locaux. Les métiers du cuir seront présents dans le quartier Saint-Germain durant tout le Moyen Âge. Un dépotoir du début du XVe siècle livre ainsi des rebuts de cordonnerie, mais également de sellerie, de fabrication de lanières et de fourreaux de dagues et d'épées.
La conservation du bois apporte également des informations sur l'aménagement des prairies humide, témoignant notamment de la construction de chemins par l'accumulation de branchages maintenus, entre des pieux de chêne, par un tressage de tiges (des plessis) de saule.
Au Moyen Âge, l'alimentation en eau du quartier Saint-Germain était assurée par des puits peu profonds, aménagés par l'empilement de tonneaux qui maintenaient les parois des fosses creusées dans les sédiments meubles. Deux puits ont été reconnus, construits avec des fûts en bois portant la même marque près du trou de bonde. On ignore encore ce que ces récipients, datables du XVe siècle, avaient pu contenir. »
Puis ici, les autres pièces se rapportant à la vie quotidienne...
Dans la section « CHAUSSURES ET COURROIES »
« Rares sont les sites archéologiques qui livrent des objets en matériaux périssables. Place Saint-Germain, les niveaux envasés ont servi de dépotoirs au cours des 11e et 15e siècle, notamment avec des rejets liés au travail du cuir exercé dans le quartier. Parmi plusieurs centaines de morceaux sont réapparues. Chaussures décorées ou non, enfilées, lacées ou bouclées venaient ainsi compléter la tenue des Rennais (enfants comme adultes). Elles témoignent de l'évolution des modes urbaines du 11e et 15e siècle. »
Chaussure complète (taille adulte) |
Chaussure d'enfant |
Quartier de selle (Cuir, 13e siècle) |
Rares effectivement sont les sites archéologiques qui ont pu livrer des objets aussi fragiles et périssables que ces objets en bois et en cuir... On pense à Ötzi mais aussi aux Hommes des tourbières qui nous ont légué des éléments exceptionnels de leurs attributs vestimentaires. Place Saint-Germain, les éléments retrouvés sont beaucoup plus récents mais les conditions du site, en l'occurrence une zone marécageuse, occupée depuis au moins depuis le 11e siècle, nous montre le même types de vestiges archéologiques : c'est tout simplement fascinant !
« Grâce à sa position sur les méandres anciens de la Vilaine et la persistance de l'humidité dans les niveaux tourbeux, le site de la Place Saint-Germain s'avère exceptionnel pour l'état de conservation de certains objets. Ces strates vaseuses constituent un environnement pauvre en oxygène, peu propice aux dégradations (microbiennes pour les objets organiques) et à l'oxydation (la rouille pour les métaux). Aux côtés des graines, pollens et autres matériaux périssables, les pièces en métal (armement ou parure) sont apparues dans leur état d'origine, presque sans corrosion. En plus de faciliter l'identification, cet état de conservation inhabituel a permis de mieux apprécier la finesse de certains décors et surtout l'aspect des objets au moment où ils étaient utilisés ou portés par leurs propriétaires entre le 11e et le 15e siècle. »
Et il faut bien voir qu'il est très rare de retrouver ce type d'objet en bois qui ne passent que difficilement l'épreuve du temps...
Ici, les autres pièces se rapportant à une vie plus guerrière...
Fers d'équidé, pointes de lance, de flèche, hache... tout l'attirail du guerrier... (entre les 11e et 13e siècle) |
Fer de hache (Fer, 11e siècles) |
Pommeau ? - (Alliage cuivreux, fer, 12e siècles) |
Dans la section « ARTISANAT BOUCHER : TOUT EST BON DANS LE BÉTAIL »
« À partir du 11e et au moins jusqu'au 13e siècle, les niveaux fouillés sur le site de la Place Saint-Germain livrent les indices d'une activité de boucherie. Cet artisanat est surtout discernable dans les traces de découpe conservées sur les ossements d'animaux (bœufs, porcs, équidés) : sciage des cornes, incisions de couteau laissées lors des opérations de désarticulation et de débitage des carcasses, etc. Ces témoignages traduisent à la fois une activité liée à la consommation de la viande mais aussi de l'équarrissage pour récupérer des matières premières (peau, corne, tendon, os). Une partie des outils liés à cette activité a également été mise à jour (couteaux, couperets, balances etc.). »
Crochet de balance ou crémaillère (?), lame de couperet et de couteau, cuillère à « chaudron »... |
Dans la section « OBJETS MADE IN SAINT-GERMAIN »
« La quartier Saint-Germain présente une forte vocation artisanale à l'époque médiévale. La fouille récente a ainsi permis de découvrir un grand nombre de couteaux des 11e-15e siècles. Dans la première moitié du 15e siècle, les manches en bois des couteaux et des outils sont produits sur place, preuve de l'installation voisine de corps de métier complémentaires (forgerons, boisseliers, menuisiers, couteliers). Les différentes étapes de leur façonnage sont ainsi illustrées : merrains (plaque rectangulaire de bois, fendues en vue de la découpe de petites pièces), plaquettes de manches en cours de fabrication, chûtes de taille... La production issue de bois est cependant polyvalente, comme en témoignent les pions de jeux tournés. »
Boucle de ceinture (Alliage cuivreux, 13e-14e siècle) |
Merrain, manches de couteaux en bois, pions de jeux tournés... |
Les cartes et les plans
A la suite de l'incendie de 1720 il a bien fallu reconstruire une grande partie du centre ville de Rennes... Et pour cela, il a bien fallu la cartographier... et envisager les nouveaux aménagements dont les nouvelles rues droites et un canal pour domestiquer la Vilaine. Comme on le voit, ces nouveaux travaux ne concernent qu'à la marge le faubourg Saint-Germain... qui demeura quasiment inchangé jusqu'au bouleversements des bombardements alliés de juin 1944 (cf. ci-dessous).
Plan de la ville de Rennes indiquant les possibilités de reconstruction après l'incendie de 1722 |
Plan de la ville de Rennes et du quartier Saint-Germain en 1722 |
Ici, la zoom sur le faubourg Saint-Germain montrant l'église, le puits qui se trouvait juste devant elle au sud... La densité du bâti... Les traces de l'ancienne Porte Saint-Germain... Des rues qui existent toujours : rue Derval, rue de Corbin, rue des Francs Bourgeois... Et le cimetière qui se trouvait au nord derrière l'église... et qui fut déplacé au début du 19e siècle... ce qui n'a pas empêché de retrouver d'autres sépultures - des dizaines ! - au sud sur la place actuelle lors des fouilles de 2014-15...
Dans la section « LES ENJEUX DE L'EAU »
« Au milieu du 19e siècle, l'approvisionnement en eau dans la ville se fait par une vieille conduite de tuyaux en fer, des puits et des porteurs d'eau transportant des buires et distribuant l'eau potable. L'évacuation des eaux usées se fait par des caniveaux, des puisards, des fosses, des tuyaux débouchant dans les rivière, causant des problèmes d'encombrement et de salubrité. Dès les années 1880, un système d'adduction de l'eau est mis en place, avec la captation des sources éloignées grâce à l'aqueduc de la Minette et aux réservoirs des Gallets. Avec 42 kilomètres de canalisation et 32 mètres de dénivelé, l'eau peut être acheminée jusqu'à Rennes. En ville, un réseau d'égouts de 27 kilomètres et de grands collecteurs sont installées. »
Plan général de la disposition et de la construction des aqueducs (Charles Millet 1829 - Reproduction) |
Ici, sur ce plan de la ville de Rennes de 1829 (que je ne connaissais pas... et, pour vous donner une idée, l'Opéra de Rennes au centre de couleur mauve n'est encore qu'un projet...), j'ai souligné la zone de la Place Saint-Germain... qui n'est donc pas encore une place. Tout juste si une placette est visible devant le portail du transept sud de l'Église Saint-Germain...
Détail du quartier du centre de la Place Royale (future place de l′Hôtel de ville...) à l'abbaye Saint-Georges (curieusement non représentée en bas au centre), et à gauche l'église de la Toussaint. On discerne le tracé des futurs quais... (Charles Millet 1829 - Reproduction) |
Photographie des maisons en bois du contour Saint-Germain en 1914 Collection du musée de Bretagne (non présenté à l'exposition - Originale ici...) |
En complément du plan précédent, où l'on discernait cours de la Vilaine qui traversait le centre de Rennes en divisant la cité en une ville haute (bourgeoise et redessinée suite à l'incendie de 1720) et une ville basse (populaire et soumise aux inondations), on peut aussi y voir le tracé du futur canal domestiquant cette Vilaine : une rivière sauvage et capricieuse qui n'a jamais vraiment joué un grand rôle dans la vie et l'histoire de la cité... ce qui est toujours le cas aujourd'hui...
« Plusieurs projets de canalisation de la Vilaine sont étudiées pendant un siècle, comme le plan réalisé en 1781 par Chocat de Grandmaison, ingénieur en chef de la province de Bretagne. L'objectif est de réaliser un canal rectiligne qui rejoindrait le lit de la Vilaine au niveau du pont Saint-Germain et de construire deux quais. Malgré cette représentation aboutie, le projet n'a pas le succès escompté. »
Plan du projet de canalisation de la Vilaine au niveau du pont Saint-Germain par Chocat de Grandmaison en 1781 (Archives municipales de Rennes) Pour préciser son interprétation, la rue Saint-Germain se trouve en bas du plan, et le pont représenté correspond à la passerelle pour piéton actuellement en place |
En rose, les constructions, la rue Saint-Georges en bas à droite... aujourd'hui Rue Dreyfus... Le pont à arches en haut, qui correspond au pont Jean Jaurès actuel (et ex. pont de Berlin) et toute cette verdure, des prairies inondables... qui ont de tous temps été là... Les mentions posées à la main sont touchantes et parfois abruptes : « courtils, et endroits où l'on fait sécher le linge », « maisons à couper sur l'alignement du canal et du quay... », « masses de maisons », « décente à la rivière » (sic), « terrain apartenant au College », « maison au sieur Veillon menuisier »...
« Passerelle Saint-Germain » - Lithographie par Lorette Hyacinthe (milieu du 19e siècle) Collection du musée de Bretagne (non présenté à l'exposition - Originale ici... - Plus d'infos sur Lorette Hyacinthe) |
Et surtout, puisque l'on parle de ces quais Émile Zola et Chateaubriand qui longent la Place Saint-Germain et construits entre 1841 et 1846, qu'ils présentent une petite particularité (détail qui m'a toujours épaté et qui est peu connu alors qu'il est bien visible !) : ils ont été mal construits ! Effectivement, une erreur de calcul des ingénieurs des Ponts et Chaussées de l'époque a amené ces deux quais à ne pas être d'équerre et s'incurvent vers le bas entre le pont Jean Jaurès et le pont Pasteur et atteint son point le plus bas presque en face de l'ancien du « Chat qui Pêche » où se trouvait auparavant un escalier de pierre à double volées menant à la Vilaine : « L'opinion publique, vers 1842-43, fut très sensible à cette erreur qui cassait le caractère rectiligne souhaité »... Comme quoi, même les meilleurs peuvent se tromper !
Les quais Chateaubriand et Émile Zola vus depuis le pont Jean Jaurès vers 1920... On distingue bien la ligne incurvée des quais... (Carte postale non présentée à l'exposition) |
Et une maquette...
Et voici la pièce la plus extravagante de la collection présentée lors de cette exposition : clinquante, bling-bling... c'est le mot ! « Pompier »... comme on aurait plutôt dit à l'époque ! Cet ex-voto nous rappellera surtout toute la puissance de la foi, de l'église et de la dévotion d'une grande grande partie de la population rennaise (d'autant plus que nous sommes en Bretagne !) et de tout l'investissement aussi bien spirituel que matériel qui a pu s'exprimer à Rennes, depuis les origines (après la chute de l'Empire romain et le premier évêque connu ici, Saint-Melaine) jusqu'à aujourd'hui... et notamment lors de la crise que connu les différents gouvernements français face aux autorités catholiques et aux fidèles tout le long du 19e siècle et jusqu'en 1906 (avec entre autres les différentes résurgences de la ferveur des croyants depuis la Révolution - pensons ici notamment à la Croix de la Mission - et les évènements de liés à la Loi de séparation des Églises et de l'État qui furent ici particulièrement violents et qui divisèrent les esprits pendant un temps...
Maquette du vœu fait à Saint-Aubin-en-Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle (Bois, bronze, 1861 - Ville de Rennes) |
« Cette maquette du 19e siècle a été réalisée à partir d'un ex-voto de 1634, offert par la municipalité à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, suites aux épidémies de peste qui ont frappé la ville. Si la Cathédrale, le Parlement, le Palais Saint-Georges ou l'Église Saint-Melaine sont bien identifiables, cette représentation est une vision idéalisée de la ville, d'aspect médiéval, influencé par l'Église catholique. »
Et l'Église Saint-Germain, qui y figure bien évidemment... |
A noter, la tour-beffroi de l'Église Saint-Germain ne présente plus aujourd'hui le même aspect (lire le très bon article au sujet de sa construction sur l'incontournable site Info Bretagne...).
L'époque contemporaine
Cette section de l'exposition est sûrement la plus émouvante car elles révèle des pièces domestiques - déjà aperçues sur place lors des Journées Européennes du Patrimoine en septembre 2014 - mais qui sont ici traitées pour être conservées et mise en valeur dans leur vitrine...
Tous ces objets, témoins du quotidien des habitants de cette époque pas si lointaine étaient enfouis parmi les décombres des maisons à pan de bois qui se trouvaient au centre actuel de la place le long de la rue menant de la Vilaine à l'église Saint-Germain et qui furent détruites lors du bombardement allié du 9 juin 1944... Malgré leur banalité, tous ces objets ordinaires restent précieux pour les historiens car - comme pour Pompéi - tout est resté sur place, figé pendant près de 60 ans dans le sous-sol - à quelques centimètres parfois ! -, et ils nous redonnent aujourd'hui, posés là, immobiles et silencieux, une bien étrange émotion : quand les choses les plus ordinaires deviennent extraordinaires !
Un bougeoir, des chandeliers et des bibelots (début du 20e siècle) |
Un bougeoir, des chandeliers et des bibelots (début du 20e siècle) |
Vaisselle métallique fondue ou soudée (Métal blanc, début du 20e siècle) |
Montres à gousset (Matériaux mixtes, début du 20e siècle) |
Tous ces vestiges ont été découverts lors de la fouille de la Place Saint-Germain en 2014-15.
Pour info : l'article extrait du Ouest-France du 26-27 juin 1948
Photo prise le matin du 9 juin 1944 par Georges Bourges montrant les maisons détruites après le bombardement... |
Addenda...
C'était pour moi un immense plaisir de visiter cette exposition, dans son entièreté, et bien sûr pour les parties concernant plus spécifiquement la Place Saint-Germain et les découvertes qui y ont été faites en 2014-15 lors de fouilles de l'Inrap et que je pouvais suivre à ce moment-là au jour le jour depuis mon point de vue.
On sait que ces fouilles ont révélé une quantité inimaginable de pièces archéologiques, plus ou moins nobles, plus ou moins anecdotiques la plupart du temps... mais, à ce sujet, rien n'est jamais à négliger et même les plus petits artefacts auparavant négligés sont désormais conservés, inspectés, étudiés et ils complètent peu à peu un puzzle bien plus conséquent qui comportent plusieurs niveaux et qui incarnent de manière concrète les siècles qui ont vu nos aïeules vivre ici...
Oui ! Ici, l'Inrap était tombé sur une pépite ! Le centre de Rennes ne connaissant que rarement des travaux de cette envergure (creuser sur la superficie d'un demi terrain de football !), et la loi permettant son intervention dans de très bonnes conditions (merci au législateur !), il a été possible ici de déployer tout le savoir-faire de nos chercheurs et de redécouvrir une partie essentielle de l'histoire de Rennes même si objectivement cette zone était bien éloignée de la ville (de son centre moyenâgeux) telle qu'elle était pendant longtemps.
Je serai un peu impertinent en disant qu'il me semble que bien trop de temps ont été pris à explorer les strates superficielles, celle des bâtiments du 17e siècle, ceux qui ont été détruits en 1944, et où on a pu retrouver les vestiges de la vie quotidienne des habitants de cette époque pas si lointaine... Très vite, le sous-sol s'est révélé bien plus riche que soupçonné... A-t-on perdu du temps à ce moment-là ? L'Inrap a gagné deux mois de rab pour explorer les strates sous-jacentes à la période déjà connue par ailleurs et c'est là que les véritables découvertes ont pu être faites. Même s'il faut bien voir que seuls quelques quadrants ont effectivement été passé au peigne fin...
Toutes les pièces trouvées alors n'ont pas encore toutes été étudiées (et d'ailleurs tout n'a pas pu être fouillé faute de temps et surtout du fait de l'immensité des volumes à explorer, et de nombreuses pièces sont désormais perdues à tout jamais... mais c'est la règle du jeu dans le cadre du travail de fouilles préventives de l'Inrap). L'exposition n'en présente donc qu'une toute petite partie des découvertes, déjà révélées pour la plupart d'ailleurs via des articles de presse relatant les évènements les plus importants. Mais où sont les pièces de monnaies ? Oui, il a été trouvé une grande quantité de pièces datées du tournant de l'an 1000... Il a été évoqué le fait que ces monnaies, assez semblables et rapprochées dans une toute petite zone, auraient pu... C'est une hypothèse... Être la paye des soldats du bastion qui gardait l'accès orientale de la cité pendant la période de troubles lorsque qu'un certain Guillaume le Conquérant souhaitait soumettre la Bretagne voisine (il sera défait à Dol... grâce à l'aide des Français !)... Escarmouche, feu, panique... une besace pleine de mailles aurait disparue dans la tourbière... Alors, histoire vraie, ou belle histoire ? Nous attendons la suite...
Nous attendons surtout la parution complète de l'étude des fouilles de la Place Saint-Germain : travail complexe et exhaustif qui demande de multiples compétences, qui existent et qui s'exercent encore à cette heure-ci dans les laboratoires et les bibliothèques qui nous livreront plus d'informations sur le passé de la Place Saint-Germain, et sur nous-mêmes ! Il suffit d'attendre encore quelques temps... Mais le temps, n'est-il pas une illusion ?
La Place Saint-Germain en octobre 2018 - Photo Erwan Corre - Originale sur Wiki Commons |
Tous mes remerciements à l'équipe des « Les Champs Libres », au Musée de Bretagne, à la Ville de Rennes et aux des Archives municipales, à l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) et Service régional de l'archéologie, Drac Bretagne (Direction Régionale des Affaires Culturelles), le Ministère de la Culture !
Les liens officiels pour en savoir plus :
› Le site officiel de l'exposition « Les vies d'une ville »
› Le site officiel « Les Champs Libres »
› Le site officiel des Archives municipales de Rennes
› Le site officiel de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives)
› La page dédiée aux découverte archéologiques réalisées à Rennes par l'Inrap
› L'article sur le site officiel de l'Inrap : « Mise au jour d'un quartier d'origine médiévale détruit en 1944 place Saint-Germain à Rennes » (Novembre 2014)
Plus d'infos :
« Le passé de la Place Saint-Germain enfin révélé... » (Juin 2015)
Premier bilan des fouilles de l'Inrap sur la Place Saint-Germain (Mars 2015)
« Voilà l'ancien quartier médiéval de la place Saint-Germain » (Janvier 2015)
Les fouilles approfondies l'Inrap de 2015
Les fouilles approfondies l'Inrap de 2014
Les fouilles préventives de 2011 : « Sous nos yeux, l'histoire se révèle en direct ! » (Mars 2011)
Les fouilles préventives de 2009 : « Les anciennes portes de la ville sortent de terre... »
La place Saint-Germain martyrisée par les bombardements de 1944
Le bombardement du 8 mars 1943 sur Rennes
Le bombardement du 8 et 9 juin 1944 sur Rennes
Excellente expo. J'y ai passé 2h et j'ai eu l'impression d'aller trop vite !
RépondreSupprimerMerci pour ton article Erwan
RépondreSupprimerMerci à toi ! Quand un Brestois parle de sa ville d'adoption, il ne fait pas cela à moitié... C'est un plaisir !
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